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Opposition et désobeissance au cadre institutionnel inhumain de l'UE pour les réfugiés et les migrants

Le dimanche 20 octobre 2024, une Conférence plénière virtuelle de l'Action Communiste Européenne a été organisée sur le thème «Les communistes de l'Europe contre le Pacte européen sur la migration et l'asile». Le discours introductif a été présenté par le Nouveau Parti Communiste des Pays-Bas. Au nom du KKE, Katerina Geraki, Responsable du Comité Intersectionnel du CC du KKE pour les droits des Migrants et des Réfugiés, a fait l’intervention suivante:

 

Cher(e)s camarades,

Nous considerons que la discussion sur la question des réfugiés et des migrants  apporte une contribution très importnante à notre lutte commune et nous tenons à remercier les camarades du Nouveau Parti Communiste des Pays-Bas (NCPN) pour leur disours introductif à ce sujet.

Dès le début des négociations pour la formation du nouveau Pacte européen sur la migration et l'asile, le KKE a révélé leur véritable nature et nous avons mis en garde contre le contenu réactionnaire de tout accord final. Le KKE a combattu les illusions sur des mesures prétendument positives qu'il pourrait contenir, que plusieurs partis autoproclamés de gauche cultivaient, diffusant des notions dangereuses de «solidarité européenne» de l'UE. Notre parti a montré que les négociations entre les gouvernements bourgeois des États membres ne visaient pas à protéger les migrants et les réfugiés, mais à partager, coordonner et renforcer la répression et la brutalité tant entre les États membres de l'UE que dans des pays tiers. Il en va de même aujourd'hui avec les nouvelles discussions sur la révision du pacte dans le sens d’une augmentation des éloignements, ainsi que d'un durcissement des mesures et de la politique de répression qui conduit aux multiples naufrages successifs et à des tragédies comme celle du naufrage qui ne pouvait manquer de se produire au large de Pylos en Grèce en 2023 avec au moins 600 morts, pour lequel aucune responsabilité n'a encore été attribuée et pour lequel les coupables n'ont pas encore été punis.

 

Le texte final confirme pleinement nos critiques. Il s'agit d'un Pacte - monstruosité, qui jette à la poubelle la Convention de Genève sur les réfugiés qui, dans le cadre d'un autre rapport de forces international et avec la contribution décisive de l'Union soviétique, prévoyait un cadre de droits fondamentaux pour les réfugiés. Les aspects essentiels, à notre avis, qui doivent être dévoilées sont les dispositions du Pacte concernant le suivant:

- Promotion des accords de commerce d’esclaves moderne avec des pays tiers, dans le contexte de la concurrence entre les États bourgeois pour obtenir une main-d'œuvre bon marché et privée de droits pour les besoins du capital. Il s’agît des politiques dites de «migration circulaire légale», c’est-à-dire des pratiques inhumaines de filtrage et de contrôle des flux migratoires afin que chaque pays «accueille» autant des réfugiés-migrants que le capital veut exploiter.

- Procédures accélérées de rejet des demandes d'asile. La violation et la suspension des mesures de protection de base encore existantes, par le biais des restrictions imposées au nom de la gestion des crises et des menaces hybrides.

- Emprisonnement préventif, fichage inimaginable, mesures de surveillance et de contrôle ultramodernes, prise de données biométriques même des enfants de 6 ans, légalisation des refoulements avec la participation de Frontex, qui est désormais la plus grande organisation de l'UE et comptera bientôt un effectif de 30.000 militaires et policiers, ainsi que de nouvelles clôtures dangereuses.

- Poursuite du piégeage misérable et des camps de concentration dans les pays de premier accueil, comme la Grèce. Cela signifie le remplacement du règlement de Dublin par un mécanisme de prétendue "solidarité flexible" entre les États membres.

- Extension de la liste inacceptable des pays ou zones soi-disant sûrs dans des pays ou des régions déchirés par la guerre, vers lesquels les réfugiés seront expulsés en masse ou forcés de retourner. Des exemples de ces pays tiers, où l’envoi de réfugiés est déjà prevu, sont le Rwanda, la Tunisie, l'Albanie, etc.

- Renforcement de l'action des ONG et des particuliers qui dévorent les différents paquets européens.

- Accords à coups de milliards avec des pays tiers pour la soi-disant externalisation des frontières. Ces pays feront le «sale boulot» de ce qu’on appelle freinage des flux, c'est-à-dire une répression violente et des refoulements bruteaux. En retour, leurs bourgeoisies bénéficieront des investissements capitalistes et de la pénétration du capital de l'UE dans ces pays, dans le cadre de la concurrence avec d'autres centres impérialistes tels que les États-Unis et la Chine.

À notre avis, les communistes de l'Europe ont le devoir de dévoiler le caractère barbare du nouveau pacte de manière uniforme, militante et déterminée, ainsi que de réfuter la propagande infâme et les constructions idéologiques artificielles des gouvernements bourgeois. Nous devons mettre en avant que:

1. Le nouveau pacte de répression brutale, de persécution et d'enfermement dans des camps de concentration est un élément des préparatifs de guerre de l'UE et des États bourgeois. En effet, ils se préparent tous à l'escalade de la guerre impérialiste. Ils savent tous que les caravanes de personnes déracinées vont s’agrantir. Les chiffres sont  stupéfiants: 56 conflits actifs, le plus grand nombre depuis la Seconde Guerre mondiale; 92 pays impliqués; un nombre record de 120 millions de personnes déplacées dans le monde, selon l'ONU.

L'UE et les gouvernements bourgeois sont activement impliqués dans les guerres, soutenant de diverses manières l'État meurtrier d'Israël qui commet un génocide contre le peuple palestinien. Ils sont également impliqués dans le carnage de l'OTAN et de la Russie capitaliste en Ukraine. Ils sont à blâmer pour les guerres et les flux de réfugiés. En tant que communistes, nous avons le devoir de contribuer à la montée en puissance décissive de la lutte contre la guerre et l'implication de nos pays dans celle-ci.

2. La propagande bourgeoise sur «la migration illégale» et «les passeurs», sur le dilemme «migration illégale ou légale», est une fausse confrontation entre les forces bourgeoises, qu'elles soient libérales ou sociales-démocrates, vertes ou d'extrême-droite. Il est évident que toutes ces forces gouvernent conjointement un certain nombre de pays de l'UE et mettent en œuvre la stratégie antipopulaire du capital européen, avec Meloni à la tête du gouvernement italien et Orban à la Présidence du Conseil de l'Union européenne pour ce semestre.

Les déracinés sont victimes des guerres et de la barbarie capitaliste, tandis que des jeux géopolitiques dangereux sont joués sur leurs dos. L'exemple du traitement différent des réfugiés ukrainiens, qui ont été à juste titre inclus dans un certain cadre de protection de base, contrairement aux victimes des conflits impérialistes et des interventions dans d'autres pays, est révélateur. Pourquoi n'existe-t-il pas de cadre de protection spécifique pour les réfugiés palestiniens?

3. La protection des victimes de la guerre, des réfugiés déracinés, doit être au centre des préoccupations. Les frontières et la sécurité des pays sont menacées par les rivalités et les guerres des impérialistes, qui en effet modifient les frontières. Le slogan «les impérialistes divisent à nouveau la terre, traçant les frontières avec le sang des peuples» résume l'essentiel de la question.

Camarades,

L'escalade de la guerre va, semble-t-il, provoquer une nouvelle crise des réfugiés. Les états-majors bourgeois s'y préparent. Le poison raciste, xénophobe et fasciste est à nouveau déversé pour servir les intérêts du capital et pour semer la division de classe des prolétaires opprimés par la barbarie capitaliste. 

L’opposition à ce cadre injuste et barbare de l'UE, ainsi que la désobéissance, est une question primordiale. L'UE et les gouvernements bourgeois, qui participent et soutiennent la guerre, causant de la destruction et des vagues de personnes déracinées, font leurs propres marchandages pour leurs propres intérêts. Les pays de premier accueil, comme la Grèce en particulier, sont transformés en entrepôts d'âmes humaines, en «centres de tri».

Nous devons empêcher qu'un pays devienne un entrepôt d'âmes humaines. Les dispositions inacceptables du nouveau Pacte européen sur la migration et l'asile ne doivent pas être appliquées. Le retour des réfugiés d'Allemagne ou d'un autre pays vers leur premier pays d'accueil doit être exclu. Tant la convention de Schengen que les exceptions à cette convention que l'Allemagne met en œuvre ces jours-ci, comme d'autres pays l'ont fait auparavant, sont préjudiciables aux peuples. Nous intensifions la lutte contre la répression, les déportations, les refoulements, les clôtures dangereuses, les outils de surveillance et de contrôle ultramodernes et les super-structures - prisons ("centres fermés") conformes aux normes de l'OTAN.

Nous demandons que la Convention de Genève sur les réfugiés soit appliquée, c'est-à-dire que toutes les victimes de la guerre bénéficient d'une protection totale, sans discrimination, dans le pays de destination où elles souhaitent réellement aller. L'ONU, l'UE et les gouvernements bourgeois ont l'obligation de veiller à ce que l'asile soit accordé et que les personnes concernées puissent se rendre dans le pays de leur choix. Le regroupement familial doit être garanti, en accordant une attention particulière aux enfants non accompagnés. Des programmes d'intégration sociale des réfugiés et des migrants doivent être élaborés sous la responsabilité des États, sans l’implication des ONG et des particuliers, afin de garantir leurs droits (logement, accès au travail sur un pied d'égalité, accès aux soins de santé, éducation des enfants dans des classes d'accueil, apprentissage de la langue, etc.)

Je terminerai mon intervention par un vers emblématique du poète communiste grec Yannis Ritsos: «Nous, mon frère, nous chantons pour que le monde s'unisse». Les prolétaires unis, avec les armes incomparables de l'internationalisme prolétarien et de la solidarité, les peuples en lutte ont le pouvoir de définir de manière décisive  le cours des événements, de renverser les corrélations négatives et d'ouvrir la voie à l'avenir prometteur du socialisme, dans un monde sans guerres, sans exploitation et sans déracinement.

 

21.10.2024