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SUR LA GUERRE EN MOYEN ORIENT

Article de la section des relations internationales du CC du KKE

 

            Au cours de ces derniers mois, l'humanité tout entière témoigne d'une attaque généralisée lancée par la machine politico-militaire de l'État israélien contre le peuple palestinien,  avec la bande de Gaza comme principale cible. Il est vain pour la plupart des médias bourgeois, qui soutiennent Israël, d'essayer de convaincre les peuples que tout a commencé le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a lancé une attaque contre Israël, tuant et capturant des otages israéliens. La grande majorité des peuples savent que l'État bourgeois israélien, avec le soutien des États-Unis et de ses autres alliés euro-atlantiques, occupe depuis sept décennies les territoires où, selon les résolutions de l'ONU, l'État de Palestine devrait être établi, et qu'il opprime le peuple palestinien.

            L'"appétit" vorace de l'État bourgeois israélien pour les territoires palestiniens a été ouvert par la partition de la terre palestinienne en 1947-1948, par une résolution de l'ONU, qui a établi l'État d'Israël, ouvrant la voie à l’occupation progressive des territoires palestiniens par ce dernier. À partir de ce moment-là, des millions de Palestiniens ont été expulsés de leurs terres. Il s'agit d'un véritable déracinement, d'un accaparement planifié des terres et d'un déplacement d’une population de 6 à 7 millions de personnes, voire plus. Israël a pris le contrôle de 774 villes et villages palestiniens, dont 531 ont été complètement détruits et le reste a passé sous le contrôle de l'État occupant. Des millions de personnes, qui sont restées sur place, que ce soit en Cisjordanie, où se trouve le siège de l’Organisation de Libération de la Palestine , ou dans la bande de Gaza, vivent depuis des générations sous un véritable régime d'exclusion, de privation, de discrimination, d'humiliation, en un mot d'apartheid. En effet, environ 40% de la Cisjordanie, qui est également divisée en 3 "zones de sécurité" par les forces d'occupation, est déjà aujourd'hui aux mains des colons, qui ont été multipliés par sept depuis la signature des accords d'Oslo en 1993, passant de 115.000 colons à 750.000. Au fil du temps, Israël a violé tous les droits du peuple palestinien et s'est opposé à toute possibilité de création d'un État palestinien à ses côtés, comme le prévoient les résolutions de l'ONU. Le fait que Netanyahou soit intervenu l'année dernière lors de l'Assemblée générale des Nations unies en brandissant une future carte du "nouveau Moyen-Orient", sans, bien entendu, d'État palestinien, est caractéristique. En outre, au fil des ans, Israël a adopté des mesures législatives pour s'établir en tant qu'"État juif", violant tous les droits de millions d'autres personnes vivant dans ce pays et ayant une autre origine ethnique, d'autres traditions religieuses et culturelles. Il cherche à les opprimer, à les exterminer et à les exiler. Même dans notre pays, les données montrent que le plus grand nombre de personnes persécutées, qui viennent en tant qu'immigrés, sont originaires de la Palestine, ce qui n'est pas une coïncidence. Cette évolution suscite la réaction des peuples, ainsi que des États et des puissances voisins. L'"enchevêtrement" des contradictions s'accroît et le "feu" de la guerre menace d'engloutir d'autres pays. Le Yémen (Houthis) et l'Iran sont déjà impliqués, tandis que les hostilités entre Israël et le Hezbollah libanais s'intensifient, entraînant des centaines de morts au Sud-Liban (455 personnes) et en Israël (25 personnes), le déplacement de 150.000 Israéliens du nord d'Israël, ainsi que le déplacement des dizaines de milliers de Libanais vivant dans des régions proches de la frontière avec Israël.[1] Il convient de noter que dans les conflits avec le Hezbollah, l'utilisation "généralisée" de munitions au phosphore blanc interdites par l'armée israélienne a été signalée dans au moins 17 régions du Sud-Liban depuis octobre 2023, même dans des régions densément peuplées.

            Pour être à mesure d'évaluer le mieux possible la situation et les dangers qu'elle représente pour les peuples, il convient d'examiner les principaux événements dans la région dans le cadre des processus contemporains aux niveaux mondial et régional, car ces événements ont un effet catalyseur sur la région et qui, comme l'ont montré l'attaque israélienne contre un bâtiment diplomatique iranien à Damas, en Syrie, et la réaction subséquente de l'Iran, sont susceptibles de généraliser le conflit militaire.

            Il est également nécessaire de se concentrer sur certains arguments bourgeois et opportunistes concernant cette guerre, auxquels le KKE s'oppose par principe, ainsi que de dépister les développements possibles et le danger que le conflit militaire se propage et s'unisse au conflit impérialiste en Ukraine.

 

LES OBJECTIFS D’ISRAËL ET LE CONTEXTE INTERNATIONAL ET RÉGIONAL ACTUEL DANS LEQUEL SE DÉROULE LE CONFLIT

            L’État occupant d’Israël est le principal responsable de la guerre au Moyen-Orient. L'objectif d'Israël est d'annuler la solution des deux États et n'hésite donc pas à promouvoir le génocide du peuple palestinien, voire le déplacement dans le désert de ceux qui ne seraient pas massacrés par Israël.

            La bourgeoisie israélienne estime qu'elle a le pouvoir politico-militaire et économique d'imposer un tel plan, qui fera d'elle une puissance majeure dans toute la région de la Méditerranée orientale et du Moyen-Orient. Pour y parvenir, Israël accompagne une "carotte", les accords économiques comme ceux d'"Abraham", d'un "bâton":  l'agression militaire, l'invasion et l'occupation de territoires étrangers, ainsi que l'affaiblissement militaire d'autres régimes bourgeois rivaux dans la région, comme, par exemple, l'Iran.

            La position géographique de la bourgeoisie israélienne en tant que "plaque tournante" du transit entre l'Asie et l'Europe, ainsi que l'exploitation des territoires côtiers  de la bande de Gaza, qui doivent à tout prix être sous contrôle (voire sous occupation) israélien, peuvent renforcer le rôle de la bourgeoisie israélienne,  ainsi que l'exploitation des hydrocarbures en Méditerranée, y compris la ZEE, qui devrait appartenir à l'État palestinien.

            Certains aspects de cette planification israélienne seront présentés plus en détail ci-dessous, de même que le contexte international et régional dans lequel elle s'inscrit.

 

LA CONFRONTATION ENTRE LE BLOC EURO-ATLANTIQUE ET LE BLOC EURASIEN EN COURS DE FORMATION

            Les développements en Palestine et dans la région du Moyen-Orient, de la mer Rouge et du golfe Persique sont influencés par la compétition générale pour la primauté dans le système impérialiste mondial entre les États-Unis et la Chine, ainsi qu'entre l'axe euro-atlantique, avec les États-Unis et l'Union européenne en tête, et l'axe eurasien en cours de formation, avec la Chine et la Russie en tête. Cette confrontation a déjà donné lieu à la guerre impérialiste en Ukraine, qui a entré dans sa troisième année, tandis qu'elle suscite de temps à autre des controverses sur l'avenir de Taïwan et le partage des ZEE en mer de Chine méridionale (ou mer de l'Est), mais aussi ailleurs, comme en Afrique (par exemple au Sahel), dans l'Arctique, etc. L'adhésion de l'Iran à l'Organisation de coopération de Shanghai en juillet 2023 n'est pas un détail ou un événement mineur, pas plus que l'élargissement des BRICS en août de la même année avec 6 nouveaux pays, dont 5 dans la région du Moyen-Orient au sens plus large (Égypte, Éthiopie, Émirats arabes unis, Iran, Arabie saoudite).

            La confrontation entre les deux parties est camouflée à chaque fois sous différents prétextes, tels que la "lutte contre le terrorisme" et le "droit à l'autodéfense", que l'État occupant d'Israël et ses alliés exploitent, alors que l'autre partie au conflit invoque la formation d'un "axe anti-impérialiste" revendiquant un "monde juste et multipolaire".

En réalité, le conflit porte sur l'accès aux richesses énergétiques et minérales de la région, puisqu'on estime que 49,5% des réserves mondiales prouvées d'hydrocarbures (pétrole et gaz) se trouvent dans la région du Moyen-Orient[2], ainsi que sur le contrôle des principales routes commerciales qui traversent la région et par lesquelles passe une part importante du commerce mondial de l’ Asie, de l'Europe et de l'Afrique du Nord. 30% du transport maritime passe par la région de la mer Rouge.[3]

            De grandes puissances qui exportent leurs produits vers l'Europe, comme la Chine et l'Inde, utilisent cette voie maritime. Le fait que 80% des exportations indiennes de marchandises vers l'Europe passent par la région de la mer Rouge, est caractéristique. Simultanément, 95% des exportations chinoises transitent par la mer, d’où l’intérêt économique majeur de la Chine à ce que la route de la mer Rouge reste ouverte.[4]

L'accès à ces ressources, le contrôle des voies de transport, affectent les parts de marché, le pouvoir économique et politico-militaire des deux parties, qui sont intéressées à promouvoir les intérêts de leurs monopoles, à avoir des "points d'appui" géopolitiques dans la région.

            Dans le même temps, au sein des deux blocs, les contradictions, la différenciation des classes bourgeoises par rapport à la direction générale, qui se manifestent dans des conditions d'interdépendance inégale et où les principales puissances ont le premier mot à dire, ne s'atténuent pas. Les différenciations de la Turquie, État membre de l'OTAN lié à l'UE, mais aussi de l'Irlande, de l'Espagne et de la Suède, qui ont récemment pris des mesures communes pour reconnaître l'État palestinien, sont particulièrement caractéristiques. Ainsi, aux 145 pays qui ont reconnu la Palestine, s'ajoutent, avec la Suède (2014), plusieurs autres États membres actuels de l'UE, qui avaient pourtant reconnu la Palestine à une autre époque, peu avant les bouleversements en Europe de l'Est: Bulgarie (1988), Hongrie (1988), Pologne (1988), Roumanie (1988).

            Parallèlement, depuis 2019, un réalignement plus général est amorcé, qui s'exprime dans les relations entre les EAU, l'Iran, l'Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, etc.

            De plus, les bourgeoisies puissantes de la région, comme celles de la Turquie, de l'Égypte, de l'Iran, de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Qatar, etc., jouent un rôle actif dans le conflit, soit en tant que partie à celui-ci (par exemple, l'Iran), soit en jouant un rôle de médiateur. En tout cas, leur objectif est de renforcer leur position dans la pyramide impérialiste mondiale et de sortir indemnes en cas de généralisation du conflit, en en tirant des bénéfices.

 

LES ACCORDS D'ABRAHAM ET L'ARABIE SAOUDITE

            En août 2023, un rapprochement spectaculaire entre Israël et l'Arabie Saoudite avait eu lieu et tout laissait à penser que ce pays se joindrait également à ce que l'on appelle les "accords d'Abraham". Il s'agit d'un plan d'inspiration américano-israélienne sur la base duquel un certain nombre de pays arabes reconnaissent et établissent des relations avec Israël: en 2020, c'est le cas de Bahreïn, des Émirats arabes unis, du Maroc et de la Turquie, alors qu’en 2021, c’est le cas du Soudan. Auparavant, la Jordanie et l'Égypte avaient déjà rétabli leurs relations avec Israël.

            En 2020 la direction palestinienne estimait que "la décision des Émirats et du Bahreïn rompt avec l'initiative de paix arabe adoptée par tous les États arabes lors du sommet de 2002. Cette initiative vise à instaurer une paix juste et globale avec le retrait d'Israël de tous les territoires arabes en échange de la normalisation complète de nos relations avec ce pays. Le retrait d'Israël doit précéder la normalisation des relations"[5].

            Dans la pratique, ces accords, qui visent à accroître les activités commerciales et la rentabilité des capitalistes de la région, ont renforcé la position politique d'Israël, qui occupe, outre les territoires palestiniens, des territoires syriens et libanais, et ont facilité les plans des États-Unis contre la Chine et l'Iran. Le grand perdant a été le peuple de Palestine, puisque dans la pratique, l'abandon des résolutions de l'ONU sur la création d'un État palestinien a gagné du terrain et que la poursuite de l'occupation israélienne, avec l'oppression du peuple palestinien qui en découle, a été encouragée. Le génocide perpétré par Israël contre le peuple palestinien, en invoquant le faux "droit à la légitime défense" après l'attaque du Hamas, qui a causé la mort de dizaines de milliers de civils, dont plus de 15.000 enfants, a conduit à un renversement de cette planification.

 

LE CONFLIT SUR LA ZEE DE LA PALESTINE

            Les territoires palestiniens d'avant le 4 juin 1967, dans lesquels l'État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale devrait voir le jour, comprennent la Cisjordanie et la bande de Gaza. Il s'agit d'une étroite bande de terre, de 365 kilomètres carrés, dans laquelle se trouve la ZEE palestinienne, puisque l'autre partie du territoire palestinien, la Cisjordanie, n'a pas d'accès à la Méditerranée.  Étant donné que la bande de Gaza, en tant que partie intégrante de l'État palestinien, a accès à la Méditerranée, elle a le droit de disposer d'une ZEE qui sera contiguë à celles de l'Égypte, d'Israël et de la Chypre.

 

 

            Sur ordre du président palestinien Mahmoud Abbas, la Palestine a adhéré à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer le 1/2/2015. Le 10/10/2019, le ministre palestinien des affaires étrangères Riyad Al-Maliki a remis au Secrétaire Général des Nations unies Antonio Guterres une copie des cartes et des coordonnées des frontières maritimes de l'État de Palestine, sur la base des frontières de 1967 et de la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Al-Maliki a demandé à Guterres de partager ces documents avec les États membres de l'ONU afin d'aider les Palestiniens dans leurs efforts pour délimiter les frontières maritimes, en particulier en ce qui concerne la Zone  Économique exclusive. Al-Maliki avait alors déclaré que ces documents aideraient l'État palestinien à obtenir ses droits sur la zone économique exclusive de la Méditerranée, précisant que les Palestiniens avaient le droit d'investir, d'exploiter et d'explorer le gaz et le pétrole dans cette zone.

            Le champ gazier de Gaza a été découvert à la fin de 1999, et les données préliminaires indiquent qu'il contient plus de 1,1 trillion de pieds cubes de gaz naturel. L'Autorité palestinienne a accordé le droit d'explorer et d'exploiter les hydrocarbures à un consortium composé de la société britannique BP (rachetée plus tard par Shell, qui s'est ensuite retirée), du Fonds d'investissement palestinien et de la société palestinienne CCCG[6], en vertu d'un contrat d'une durée de 25 ans[7].

            Il est bien connu qu’au cours des années précédentes,  des projets d'exploitation des gisements du champ gazier de Gaza ont été envisagés, dans le cadre d'une coopération transnationale entre Israël et l'Égypte, dont une partie des bénéfices serait transférée à l'Autorité palestinienne. Les États-Unis privilégient depuis longtemps la coopération entre l'Égypte et Israël. L'Égypte, qui est le plus grand pays producteur de gaz de la Méditerranée de l'Est, est également le plus grand marché consommateur de gaz de la région en raison de la croissance rapide de sa population, qui a atteint environ 112 millions d'habitants. Un gazoduc sous-marin relie actuellement la ville israélienne d'Ashkelon à la ville d’Al-Arish, en Égypte. Le gaz israélien est liquéfié en Égypte pour être exporté vers les marchés européens. Il va sans dire que l'Égypte est intéressée par l'exploitation des gisements de Gaza, qui sont adjacents à sa propre ZEE. Ainsi, en février 2021, le groupe égyptien EGAS a signé un mémorandum d'entente avec le consortium gazier pour développer le champ "afin de répondre aux besoins des Palestiniens en gaz naturel, avec la possibilité d'exporter une partie de sa production vers l'Égypte"[8].

            Simultanément, avec le début officiel de la guerre impérialiste en Ukraine et la décision de l'UE de se "découpler" du gaz russe, la tentative d'Israël de contrôler et de voler les richesses énergétiques de la Palestine s'est intensifiée. En effet, la réaction de l'UE a entraîné une réduction considérable des importations de gaz en provenance de Russie, bien que l'objectif d'un "découplage" énergétique complet avec la Russie n'ait pas été atteint.  En tout cas, le besoin de l'UE d'importer du gaz de la région du Moyen-Orient et, bien sûr, des États-Unis, a augmenté. Dans le contexte de ce conflit énergétique mondial, le bureau de Netanyahou a déclaré à la mi-juin 2023: "Dans le cadre des efforts actuels entre l'État d'Israël, l'Égypte et l'Autorité palestinienne (AP), en mettant l'accent sur le développement économique palestinien et le maintien de la stabilité de la sécurité dans la région, il a été décidé de développer le champ gazier Gaza Marine au large des côtes de la bande de Gaza. La matérialisation du projet est soumise à (...) la réalisation d’un travail interministériel sous la direction du Conseil National de Sécurité, afin de préserver la sécurité et les intérêts diplomatiques de l'État d'Israël sur ce sujet."[9]

            A la fin du mois de juin 2023, le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh  dans une déclaration officielle a indiqué: "Le développement du champ Gaza Marine est réalisable après plus de 24 ans où des obstacles israéliens ont empêché son exploitation (...) Nous travaillons conjointement avec une société de développement égyptienne et le Fonds d'investissement palestinien (...). Il y avait des obstacles israéliens (...) et maintenant il est possible de développer et d'exploiter le champ".[10]

            Plus tard, en été, le Hamas a mené des actions interprétées comme une préparation à la "bataille du gaz". Celles-ci comprenaient une tournée diplomatique dans la région dans le cadre de laquelle le chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, s'est rendu en Égypte et en Iran, ainsi que de la communication et des visites de ses représentants en Russie et en Turquie.[11]

            A ce moment-là, les analystes pensaient que le Hamas envisageait de multiples options pour empêcher la saisie des richesses énergétiques de la Palestine, y compris une confrontation militaire, qui était alors considérée comme une possibilité improbable.[12] Il va sans dire que l'appétit de la bourgeoisie israélienne pour l'exploitation exclusive de ces richesses s'aiguise, Israël élaborant même un plan pour chasser les Palestiniens de Gaza dans le désert ou vers d'autres pays "consentants".

 

LA RÉGION EST UNE POMME DE DISCORDE POUR LES VOIES DE TRANSPORT DES MARCHANDISES ET DE L'ÉNERGIE

            Toute cette région est un corridor commercial, comme nous l'avons déjà souligné. Cela ne signifie pas que de nouvelles voies commerciales, liées à des intérêts concurrents et à de grands projets d'investissement capitaliste, ont cessé d'être dessinées.

 

 

            Le corridor commercial Inde-Moyen-Orient-Europe, qui utilise le port de Jebel Ali dans les Émirats arabes unis, en est un exemple. De là, une liaison ferroviaire traversera l'Arabie saoudite, la Jordanie et Israël jusqu'au port de Haïfa, puis jusqu'au port du Pirée, ainsi qu'aux ports italiens et français. Le projet initial consiste à étendre le réseau ferroviaire existant reliant les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et Amman. Cette voie commerciale coûterait moins cher aux monopoles que celle du canal de Suez. Les États-Unis, qui favorisent cette voie, ont ouvertement déclaré lors de la réunion du G20 à New Delhi en 2023 que leur plan consistait à contrer le corridor commercial chinois "Une ceinture, une route", également appelé "Les Routes de la Soie".[13]

 

         

            La construction d'un canal alternatif au canal de Suez, actuellement contrôlé par l'Égypte, est un projet véritablement pharaonique. Le nouveau canal traversera Israël et portera le nom de son premier Premier Ministre, Ben Gourion. L’idée originale du canal remonte à 1963, comme le mentionne le livre Le nouveau Moyen-Orient, publié à la fin des années 1990 par l'ancien Premier ministre israélien Shimon Peres. Ce projet prévoyait l'ouverture d'un canal de 250km à travers le désert du Néguev au moyen de 520 explosions nucléaires souterraines, reliant le golfe d'Aqaba sur la mer Rouge (le port israélien d'Eilat) à la Méditerranée (au port israélien d'Ashkelon, à seulement 12 km au nord de la bande de Gaza).

            La dernière version du plan rejette l'utilisation d'explosions nucléaires pour creuser le canal et prévoit que 300.000 ingénieurs et ouvriers travailleront pendant cinq ans pour creuser un canal large de 200 mètres et profonde de 50 mètres, qui permettra une navigation dans les deux sens des navires plus grands que ceux qui passent actuellement par le canal de Suez. Il sera plus long d'une centaine de kilomètres que le canal de Suez et sa construction coûtera entre 16 et 55 milliards de dollars, mais il sera aussi très rentable, avec un bénéfice net de 6 milliards de dollars (ou peut-être plus) par an.

            Nombreux sont ceux qui lient ce projet de construction au plan d'expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza pour des raisons de "sécurité" et de protection des investissements, ainsi qu'à l'utilisation de cette précieuse bande de terre côtière à des fins de transit, dans le cadre des plans d'affaires du nouveau canal.[14]

            Il y a certainement de grandes puissances qui veulent que les plans susmentionnés échouent, en particulier celles qui seront touchées par la construction de ce canal. Il s'agit des groupes monopolistiques et des bourgeoisies des nombreux pays (Chine, Égypte, Iran, Turquie, etc.) qui n’y sont pas impliqués et qui n'en bénéficieront pas. En outre, la percée d'un nouveau canal devrait permettre à Israël et aux États-Unis de contrôler l'ensemble de la mer Rouge, notamment les îles de Tiran et Sanafir, cédées par l'Égypte à l'Arabie saoudite et situées à l'entrée du golfe d'Aqaba, qui ont été occupées par Israël en 1956 (crise de Suez) ainsi qu'entre 1967 et 1982. En outre, l'entrée de la mer Rouge, le détroit de Bab el-Mandeb, ou "la porte des lamentations", serait également sous leur contrôle. Il s'agit donc d'une planification qui implique l'intensification de l'agression d'Israël et de ses alliés au Moyen-Orient. Il ne faut pas oublier que des bases militaires,  non seulement des États-Unis, mais aussi de la Chine et de la Russie, sont installées dans cette région, à Djibouti. De plus, la Chine et la Russie ont récemment effectué des exercices militaires avec l'Iran dans le golfe Persique.

            D'autres projets de gazoducs existent également, comme le gazoduc de la Méditerranée orientale (EastMed) et des projets concurrents, comme l'envoi du gaz en Égypte ou à Chypre pour y être liquéfié, avant d'être transféré sur des bateaux vers les marchés. D'ailleurs, quelques jours avant l'attaque du Hamas contre Israël, le président turc Recep Tayyip Erdoğan, lors d'une rencontre privée avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en marge de la 78e Assemblée générale des Nations unies qui a eu lieu à New York, a réitéré la proposition de construire un gazoduc sous-marin pour transporter du gaz israélien jusqu'à la côte turque, puis jusqu'au marché européen[15]. Bien entendu, un tel projet semble impossible à l'heure actuelle parce que la bourgeoisie turque  a l’ambition de se présenter comme un "protecteur" du peuple palestinien.

            Un câble électrique sous-marin similaire est également promu, qui relierait des réseaux électriques entre Israël et l'Europe.

           

           

            Dans tous les cas, il convient de souligner que ces projets commerciaux et énergétiques, ou d'autres, visent exclusivement à servir les intérêts des monopoles et n'ont rien à voir avec la satisfaction des besoins contemporains des peuples. En outre, ils comportent de grands risques pour les peuples, car les profits du capital vont à l'encontre de la protection de l'environnement et de la sécurité des peuples et, comme il est déjà évident, ils portent en eux les germes de la concurrence féroce et des guerres qui ensanglantent les  peuples pour les intérêts des monopoles.

 

UN BRAS DE FER SUR L'INDE ET SON RÔLE

            Il est important d'examiner le rôle de l'Inde dans ces développements et le désir manifeste de l'axe euro-atlantique et de l'axe eurasien en cours de formation de rapprocher l'Inde de leurs plans. L'Inde, le plus grand pays du monde en termes de population (1,41 milliard d'habitants), est l'une des économies capitalistes les plus fortes et à la croissance la plus rapide (3e avec une part de 7,5% du PIB mondial), ainsi que la 4e puissance militaire du monde.

            Les États-Unis ne cessent de chercher à établir une collaboration politico-militaire avec l'Inde et ont créé à cette fin le QUAD (États-Unis, Inde, Japon et Australie), où la question de contenir la croissance de l'influence chinoise dans la région indo-pacifique (océans Indien et Pacifique) est ouvertement soulevée.

 

            D'autre part, l'Inde, malgré sa concurrence avec la Chine et l’affrontement actuel entre les deux pays sur les frontières dans l'Himalaya, participe avec la Chine à un certain nombre d'unions transnationales, telles que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et l'Organisation de coopération de Shanghai, et est l'un des plus grands acheteurs d'armes russes, ainsi que l'un des principaux moyens de communication des capitalistes russes avec le monde extérieur, après les nombreuses sanctions euro-atlantiques qui ont suivi l'invasion du territoire ukrainien par la Russie.

            Par conséquent, la création du corridor IMEC mentionné ci-dessus est liée aux plans plus larges du bloc euro-atlantique dans le contexte de sa confrontation avec la Chine. Elle est également liée au conflit autour des parts de marché au Moyen-Orient et en Europe. Ce corridor est lié au plan stratégique des États-Unis, d'une part, pour rapprocher l'Inde de son alliance et, d'autre part, pour réduire les parts de marché de la Chine en Europe. Il s'agit d'une "double bataille"  pour les États-Unis, concernant l'Inde et  l'Europe.

            Compte tenu de ce qui précède, le fait que les relations politiques, militaires et économiques d'Israël avec l'Inde, qui n'ont été établies qu'en 1992, se développent considérablement, surtout en ce qui concerne l'échange de savoir-faire militaire et de systèmes d'armes dans le domaine des systèmes antimissiles et des drones, n'est pas dû au hasard.

            Bien entendu, l'autre partie, le bloc eurasien en cours de formation, développe également des relations similaires et fournit des voies alternatives pour l'envoi de marchandises fabriqués en Inde vers les marchés européens, soit par le corridor Nord-Sud, qui passe par l'Iran, la mer Caspienne, la Russie et de là vers les marchés européens, soit par la route maritime du Nord et l'utilisation de Vladivostok, soit encore par un corridor commercial qui passera par l'Irak et la Turquie.

 

LA GUERRE COMME DÉBOUCHÉ AUX CAPITAUX STAGNANTS

            De nos jours, le problème de la suraccumulation du capital qui ne peut plus assurer une rentabilité satisfaisante a pris des proportions énormes. Les gouvernements bourgeois cherchent à trouver des moyens d'atténuer ce phénomène, d'une part avec la transition "verte" (le fameux "New Deal" vert), d'autre part avec les interventions et les guerres impérialistes. Ainsi, "la «transition verte» crée de nouvelles opportunités pour de grands investissements capitalistes (par exemple les grands parcs éoliens) et en même temps aide à la destruction contrôlée, à la dévalorisation d'une partie du capital existant (par exemple la fermeture des centrales électriques au lignite). De même, la guerre impérialiste est bénéfique pour la rentabilité capitaliste. La destruction militaire de l'infrastructure ukrainienne et l'annulation "pacifique" du projet  de gazoduc russo-allemand "Nord Stream II" ouvrent la voie à de nouveaux investissements rentables pour le capitaux. Draghi et d'autres hauts fonctionnaires parlent déjà de la nécessité d'un nouveau plan Marshall, qui pourrait dépasser 1.000 milliards d'euros, pour la reconstruction de l'Ukraine".[16]

            Il devient évident que "la transition verte, en tant que levier central pour pallier la suraccumulation, semble probablement insuffisante pour régler le problème"[17].

            Si nous nous penchons sur la question de l'exploitation de la guerre, nous verrons qu'elle a au moins deux aspects : a) l'augmentation des dépenses de guerre, où les fonds suraccumulés sont investis pour rapporter des profits énormes aux capitalistes, b) la reconstruction des villes et des infrastructures détruites par les guerres, toujours au profit de la rentabilité des grands groupes de construction. Le premier aspect est illustré par un rapport de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), qui estime que les dépenses militaires ont établi un nouveau record mondial et qu'en termes réels, nets de l'inflation, elles ont augmenté de 6,8% en 2023, atteignant 2,44 billions de dollars, contre 2,24 billions de dollars en 2022, surtout en raison de la guerre en Ukraine[18].

            En même temps, il convient de mentionner que "l'industrie de la guerre a été historiquement et reste encore aujourd'hui un moyen important pour désamorcer la crise de suraccumulation, puisqu'elle constitue également un grand réservoir de dépenses d'État qui peut stabiliser la rentabilité du capital dans plusieurs secteurs". Il faut cependant noter que la réduction/l’apaisement de la crise de la suraccumulation par des dépenses d'État en armement augmente la nécessité d'utiliser des armes, sans quoi il n'y aura pas de destruction de capital."[19]

            Si on examine les données relatives à la guerre en Ukraine, on peut constater la destruction de dizaines de milliers de véhicules, blindés ou non, d'avions, d'hélicoptères et de navires de guerre, tandis que des tonnes de munitions et d'armes ont été utilisées. En outre, au début du mois de février 2024, des analystes militaires estimaient que 1.108 véhicules blindés israéliens avaient été détruits à l'intérieur de Gaza, ce qui équivaut à la destruction de trois divisions blindées.[20] En outre, les coûts liés à la guerre dépassent l'imagination, si l'on considère par exemple que la seule interception de l'attaque aérienne iranienne, lancée en réponse à l'assassinat des responsables iraniens par un raid israélien qui a frappé un bâtiment diplomatique à Damas, en Syrie, a coûté à Israël la somme de 1,35 milliard de dollars en une nuit.[21]

            Le fait que l'entreprise israélienne Israel Aerospace Industries (IAI), leader dans le domaine des systèmes de défense aérienne basés en mer et à terre et des drones, qui a racheté l'année dernière 90,9% d'Intracom Defense (IDE)[22] dans notre pays, a augmenté ses bénéfices de 49% en 2023, n'est donc pas dû  au hasard.[23]

            Le deuxième aspect de la rentabilité des guerres pour le capital, à savoir la réhabilitation et la "reconstruction" des infrastructures, est également une issue rentable. Il est révélateur qu'en deux ans et demi de guerre en Ukraine, au moins 106 hôpitaux et cliniques, 109 sites religieux (églises, temples, mosquées et monastères), 708 établissements d'enseignement (écoles, collèges et universités) et 210.000 maisons aient été détruits, selon des estimations prudentes.[24]

            La dévastation de la bande de Gaza en seulement 9 mois est également accablante. Le centre satellitaire des Nations unies, UNOSAT, a rapporté, sur la base d'images recueillies le 3 mai 2024, que 55% des bâtiments de Gaza (137.297 au total, dont la majorité sont des résidences) ont été partiellement ou totalement détruits[25]. Selon des sources journalistiques, 427 établissements d'enseignement, 248 hôpitaux et équipements de santé, 804 mosquées, 3 églises, 206 sites archéologiques ont été détruits.[26] Qui plus est, la guerre en Ukraine dure trois fois plus longtemps et est menée sur une longueur de 1.000 kilomètres, alors que le "front" à Gaza ne fait que 40 kilomètres de longeur. En résumé, la reconstruction des zones en guerre, comme l'est de l'Ukraine ou la bande de Gaza, est estimée à plusieurs milliards d'euros et constitue un autre moyen d'accroître la rentabilité des entreprises de construction.

 

LA POSITION DU GOUVERNEMENT GREC

            Le gouvernement de la Nouvelle Démocratie prétend, tout comme le précédent gouvernement de SYRIZA, que la Grèce a une "politique multidimensionnelle" et qu'elle est un "pilier de stabilité".  En pratique, bien sûr, notre pays joue le rôle d’une charnière de l'impérialisme US-OTAN entre deux foyers de guerre, le gouvernement de la ND jetant de l’huile sur le feu des conflits. Voilà à quoi servent les bases militaires américaines, la fourniture de munitions et de systèmes d'armes et la participation des forces armées grecques aux plans des impérialistes de l'UE et de l'OTAN.

            En ce qui concerne les développements au Moyen-Orient, le gouvernement de Mitsotakis, suivant les traces des gouvernements précédents au fil des ans, promeut la fausse idée qu'aux côtés des États-Unis, de l'OTAN et de l'UE, il y a Israël, un "acteur international" important, compétent et capable de lutter pour la protection les droits souverains grecs, à condition que nous lui fournissions un "espace vital" et que nous le rapprochions de nos intérêts économiques. D'une part, il y a la coopération militaire avec Israël, les exercices militaires conjoints et, d'autre part, les plans d'affaires susmentionnés, tels que les projets de gazoduc entre Israël et l'Europe, la connexion électrique entre Israël, Chypre et la Grèce, et la route commerciale "Bombay - Pirée".

            La notion promue par les nationalistes et d'autres cercles bourgeois, selon laquelle le gouvernement grec soutient Israël pour faire contrepoids à l'agression turque, afin que la machine militaire israélienne puisse soutenir notre pays en cas de confrontation militaire, est profondément trompeuse et dangereuse. C'est un mythe qui a été réfuté de la manière la plus éloquente par l'ambassadeur sortant d’Israël en Grèce lorsqu'il a déclaré qu'"aucun pays ne devrait déléguer sa sécurité à d'autres".[27]

            L’opinion selon laquelle les gouvernements grecs sont des pions sans volonté des États-Unis et d'Israël, ainsi qu’ils refusent de négocier en utilisant les pays arabes comme contrepoids, est tout aussi infondée. Cette approche ne tient pas la route, non seulement parce que les gouvernements grecs cherchent à développer des relations avec des pays arabes tels que l'Égypte, l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, etc., mais aussi parce qu'elle passe sous silence le fait que le soutien à Israël est lié aux intérêts majeurs de la bourgeoisie et de ses alliés. Il s’agit donc des raisons profondément de classe!

            Nous voyons que la juste cause du peuple palestinien est une épine dans le pied des plans d'affaires qu’ils élaborent pour augmenter leur rentabilité, alors ils veulent l’anéantir. Et puisque le gouvernement et ses alliés invoquent également les "intérêts nationaux" pour justifier leur soutien à Israël, nous devons explicitement souligner qu'aucun "intérêt national" de la Grèce ou de tout autre pays ne justifie le massacre de 15.000 enfants et autant de personnes âgées et de femmes.

           

            L'"intérêt national" auquel le gouvernement fait référence s'identifie aux intérêts et aux profits des exploiteurs de notre peuple. Le renforcement du rôle des monopoles grecs est à l'origine de la participation au massacre des Palestiniens par Israël, ainsi qu’à la guerre impérialiste en Ukraine entre les États-Unis, l'OTAN et l'UE d’une part, et la Russie capitaliste de l’autre part. La participation de navires de guerre aux opérations de l'OTAN et  la concession des bases servent également le même objectif".[28]

 

L'IMPLICATION MILITAIRE DE LA GRÈCE DANS LA GUERRE

            La bourgeoisie grecque, qui exprime sa propre agressivité afin d’améliorer sa position dans le système impérialiste international, participe activement à la planification de guerre du bloc euro-atlantique dans la région. Par exemple, le quartier général opérationnel de l'opération navale "Aspides"  actuellement en cours est situé à Larissa, sous commandement de la Grèce. La frégate "Hydra" a participé a cette opération, suivie de la frégate "Psara". Cette opération européenne est étroitement coordonnée avec l'EUNAVFOR "Atlanta", une opération européenne pour la sécurité maritime dans l'océan occidental et dans la mer Rouge, à laquelle des navires de guerre grecs ont participé par le passé, ainsi qu’avec l'opération "Prosperity Guardian" menée par les États-Unis. La Grèce, la France, l'Italie, l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne et le Danemark participent à cette dernière, qui durera douze mois.

            La Grèce participe également à la force "UNIFIL" avec une frégate qui navigue au large du Liban pour surveiller l'embargo sur les armes imposé à l'organisation politico-militaire libanaise Hezbollah.

            Depuis 2021, la Grèce participe à l'initiative internationale "Integrated Air Missile Defense (IAMD) Concept", afin de protéger des infrastructures critiques de l'Arabie saoudite contre les attaques par des missiles et des drones. Une batterie de missiles Patriot et son personnel, également appelée "Force grecque en Arabie saoudite", a été déployée à un endroit stratégique aux abords de Riyad afin de fournir un bouclier anti-aérien aux  installations de la compagnie pétrolière de l’État Saoudien ARAMCO.

            La présence de la Grèce dans ce pays l’implique à son tour dans la guerre au Moyen-Orient. Selon certaines  informations, la batterie grecque Patriot aurait été mise en alerte dans la nuit du 13 avril, date de l'attaque iranienne contre Israël, et cela n'a rien d'anodin. En outre, le radar du système grec aurait suivi la trajectoire des missiles et des drones visant Israël lors de leur passage au-dessus ou à proximité du territoire saoudien, et aurait relayé l'information aux centres d'opérations américains et britanniques impliqués  dans la défense d’Israël.[29]

 

LA LUTTE IDÉOLOGIQUE ET POLITIQUE DU KKE AVEC DES ARGUMENTS ET DES COURANTS BOURGEOIS ET OPPORTUNISTES

 

AU SUJET DU "TERRORISME"

            Pour justifier son implication dans la guerre et dans le cours des événements au Moyen-Orient aux côtés d'Israël et de ses alliés, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie, conjointement  avec SYRIZA, le PASOK et les formations nationalistes, dénigre la lutte d'un peuple entier en la qualifiant de "terrorisme" et cherche à justifier son massacre au nom du "droit à la légitime défense d'Israël". Elle est même allée jusqu'à s'abstenir de voter une résolution de l'ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat et à une trêve humanitaire à Gaza, qui avait été votée par 120 États. De plus, il appelle de manière provocante tout le monde et le KKE à "condamner le terrorisme".

            Le KKE sait très bien que depuis plusieurs décennies, la question du soi-disant "terrorisme" a été utilisée par les bourgeoisies et les puissances impérialistes pour élaborer des plans antipopulaires et justifier les interventions et les guerres impérialistes. Le "terrorisme" est devenu un concept qui est utilisé à volonté, de sorte que dans tous les pays de l'UE et dans le nôtre aussi, les dites "lois antiterroristes" sont promues, qui ciblent les luttes des travailleurs, des paysans et des jeunes. Lors d'une mobilisation de masse, une occupation d'un lieu de travail, d'un espace public ou d’une rue peut être qualifiée d'"acte terroriste", suscitant l’utilisation des dispositions législatives et des poursuites correspondantes contre les travailleurs, les paysans et les étudiants en lutte.

            Par ailleurs, la "lutte contre les actes terroristes et la radicalisation" est utilisée pour justifier des mesures de surveillance préventive et de répression de masse, y compris à l'intérieur des pays, par exemple dans des "situations d'urgence", avec un renforcement croissant de l'arsenal répressif législatif ou autre.

            De même, le concept de "terrorisme" est utilisé au niveau international, pour servir les objectifs des classes bourgeoises. Ainsi, par exemple, la dite "Armée Syrienne Libre", qui est responsable d'une série de crimes en Syrie, n'est pas une "organisation terroriste" pour les États-Unis et leurs alliés, alors que le Hamas en est une. Des exemples similaires, en fonction de ce qui convient aux bourgeoisies du monde entier, peuvent être cités pour d'autres organisations politico-militaires armées, telles que les Talibans ou les Kurdes de la Syrie, etc.

            De plus, la propagande bourgeoise met dans le même sac des organisations comme "Al-Qaïda" et les Talibans, qui ont été créées, soutenues et armées par les impérialistes à leurs propres fins avant qu'ils n'en perdent le contrôle, avec des forces comme le Hamas, qui est arrivé en tête lors des élections de 2006 dans la bande de Gaza, ce qui prouve que cette force bourgeoise, pour diverses raisons liées à la violence de l'occupation israélienne elle-même et aux faiblesses de l'action des autres forces politiques dans la bande de Gaza, a été soutenue par les forces populaires qui luttent pour la libération de la Palestine.

            Le KKE a des points de vue idéologiques, politiques et philosophiques complètement différentes de cette organisation politico-militaire, mais il ne permettra jamais qu'il entre dans la conscience populaire que le bombardement massif de Gaza, le meurtre de milliers de jeunes enfants sert à l'élimination du Hamas, à la justification de la longue occupation, alors que les faits démontrent, les uns après les autres, les véritables objectifs criminels d'Israël à l'encontre du peuple palestinien.

En outre, nous n'accordons aucun poids aux preuves fabriquées par les autorités israéliennes concernant les "atrocités du Hamas"; la plupart de ces fausses nouvelles ont déjà été démenties, notamment par la présentation de preuves lors d'événements publics organisés par des journalistes grecs.

            Nous tenons compte d'une autre chose aussi: la longue occupation israélienne, l'oppression et l'apartheid peuvent en effet susciter une grande colère, des représailles et des actes extrêmes. La guerre elle-même, qui est menée depuis sept décennies contre le peuple de Palestine, est une atrocité au cours de laquelle des centaines de milliers de Palestiniens ont été assassinés et torturés, et la question cruciale pour les travailleurs est de se concentrer sur les causes et la nature de la guerre, sur les conséquences tragiques de la longue occupation israélienne, sur le massacre du peuple palestinien qui lutte et qui a le droit de lutter pour sa libération par tous les moyens, y compris le soulèvement armé et la lutte contre les envahisseurs et les occupants.

 

AU SUJET DU "CHOC DES CIVILISATIONS"

            Certains rabâchent la théorie désorientante de la "guerre des religions" ou encore de la "guerre des civilisations"[30], selon laquelle tout ce qui précède est dû au conflit entre la civilisation juive, voire judéo-chrétienne, et la civilisation musulmane. Il s’agit d’une pure absurdité, puisque cette approche occulte les véritables antagonismes de classe, la lutte des classes, qui est le véritable moteur de l'histoire. Cependant, une telle approche est bien commode pour les classes bourgeoises afin d'intégrer les peuples dans le système. Ainsi, nous voyons aujourd'hui, et selon les priorités de chaque bourgeoisie, l’exploitation de la soi-disant "politique identitaire" dans le bloc euro-atlantique, et l’exploitation de la soi-disant "défense des valeurs traditionnelles" en Russie.

            Dans le cas du Moyen-Orient, les différents "accords d'Abraham" signés ces dernières années par divers pays arabes et musulmans avec Israël, pour que les capitalistes - arabes et juifs - augmentent leurs profits, mettent en évidence la naïveté délibérée, ou plutôt l'intention, de telles approches. L'aide apportée récemment par l'Israël juif à l'Azerbaïdjan musulman pour l’oppression les Arméniens chrétiens du Haut-Karabakh est du même ordre.

            Si nous levons le voile des opinions déboussolantes qui tentent d'incriminer les différentes cultures et religions ou, le plus souvent, le terrorisme islamique, nous allons discerner toutes les grandes entreprises et les intérêts capitalistes susmentionnés, le capitalisme et ses lois du mouvement, qui sont à l'origine des guerres injustes menées dans le cadre de l'impérialisme.

 

AU SUJET DE L'EXISTENCE DE L'ÉTAT ET DU PEUPLE D'ISRAËL

            L'émergence de l'État d'Israël, qui est une réalité aujourd'hui, a commencé quelques années après la Seconde Guerre mondiale. Le massacre des Juifs par les nazis, l'antisémitisme promu avant la Seconde Guerre mondiale par les classes bourgeoises dans de nombreux pays capitalistes ont conduit à l'acceptation par l'URSS et le mouvement ouvrier mondial de la création de l'État d'Israël, à côté d'un État de Palestine. Cette décision fut méconnue de manière provocante par l'État bourgeois d'Israël. La bourgeoisie israélienne viole depuis des décennies tous les droits du peuple palestinien en s'emparant de la plus grande partie des territoires palestiniens.

             Dans la bourgeoisie d'Israël et dans son État, les États-Unis et l'UE ont trouvé l'"allié" dont ils avaient besoin et qui leur a donnée le droit d'arbitrer avec les autres bourgeoisies de la région, qui cherchaient elles aussi à améliorer leur position. Et ce "jeu" géopolitique, qui se déroule d'une manière encore plus horrible après le renversement du socialisme en URSS, a pour victime un peuple entier - le peuple de Palestine, à qui l'on a promis une patrie pendant toutes ces années, mais dont le rêve n'a toujours pas été réalisé.

            Le peuple d'Israël paie aussi le prix de cette situation, étant lui aussi victime des politiques menées par la bourgeoisie israélienne et par son État. Le KKE exprime sa solidarité avec le Parti Communiste d'Israël, avec les communistes d'Israël, juifs et arabes, qui luttent actuellement dans la "gueule du loup" et résistent à la barbarie contre le peuple de Palestine.

            Le KKE, exprimant sa pleine solidarité et son soutien au peuple de Palestine, afin qu’il puisse avoir son propre État et devenir maître chez-lui, a noté en même temps que la victime de la politique de l'État bourgeois d'Israël et du gouvernement réactionnaire de Netanyahou est également le peuple israélien lui-même.

            Cette position a été accueillie avec hostilité par certaines forces de la dite "Plateforme Mondiale Anti-impérialiste", qui ne reconnaissent pas l'existence de l'Etat d'Israël, le qualifiant simplement de "base des États-Unis" qui doit être détruite.

            Ces forces refusent de voir que la cause fondamentale de tout ce que les peuples subissent est le système barbare et exploiteur, dans sa phase actuelle, la phase monopolistique, lorsque la lutte entre les monopoles et les bourgeoisies s'intensifie; c’est une lutte pour l'exploitation non seulement des travailleurs de leurs pays, mais aussi de ceux des autres pays, pour les matières premières, pour les voies de transport de marchandises, pour les points d’appui géopolitique et les parts de marché. Un tel appui géopolitique pour les États-Unis et l'Union européenne est l'État bourgeois d'Israël et sa bourgeoisie, et pas seulement une base militaire.


AU SUJET DE LA SOLUTION DES DEUX ÉTATS ET LES FRONTIÈRES PRÉ-1967

            Comme nous l’avons noté plus haut, l'URSS a soutenu l’établissement de l'État d'Israël et, plus précisément, la délégation soviétique à l'ONU a fait remarquer que: "La création d’un État judéo-arabe unique avec des droits égaux pour les juifs et les Arabes peut donc être envisagée comme une des solutions possibles du problème de la Palestine, (…) comme l’une de celles qui méritent le plus de retenir l’attention". En même temps, elle a mis l'accent sur le fait que "S’il se trouvait que cette solution fut irréalisable en raison des relations de plus en plus tendues entre Juifs et Arabes (…) il faudrait alors étudier une deuxième solution qui (…) prévoit le partage de ce pays en deux États indépendants: un État juif et un État arabe. Je le répété: cette solution ne serait justifiée que s’il s’avérait que les relations entre Juifs et Arabes de Palestine son si tendues qu’il est impossible de les améliorer, et s’il était impossible d’assurer la coexistence pacifique des Arabes et des Juifs (…)." La délégation soviétique a également critiqué "les pays d’Europe occidentale" mentionnant "Qu’aucun des pays d’Europe occidentale n’est été en mesure d’assurer la défense des droits élémentaires du peuple juif ou le protéger contre les violences déclenchées par les bourreaux fascistes, cela explique l’aspiration des Juifs vers la création d’un État à eux."[31]

            La Pravda a écrit que "la résolution de l’ONU sur la partition (...) assure la libération de la Palestine de la dépendance étrangère, satisfait les espoirs nationaux des peuples juif et arabe, permet aux populations juive et arabe de Palestine de devenir maîtres chez eux, libres de l'influence impérialiste étrangère"[32]. Le conflit israélo-arabe fut dénoncé comme "le résultat des politiques britannique et américaine" dans la région.

            Nous notons tout ce qui précède pour mettre en avant la continuité historique de cette question et le fait que la résolution de l'ONU sur la solution des deux États a évolué au fil des ans[33], alors que ce qui est vrai aujourd'hui, c'est que l'État israélien est un État occupant qui viole de manière flagrante cette résolution de l'ONU ainsi que les droits du peuple palestinien.

            Aujourd'hui, donc, des approches comme celle de MeRA25 (Y. Varoufakis) et de son alliance internationale DiEM25, qui s'oppose à la solution des deux États depuis 2021, soutenant qu'il est désormais impossible pour un État palestinien d'exister étant donné que les colonies israéliennes ont créé un fait accompli qui doit être accepté, se plient à l'agression d'Israël et acceptent la réalité imposée par sa puissance militaire et celle de ses alliés. Cette approche, qui nous invite à renoncer au droit du peuple palestinien à établir son propre État sur les frontières qui existaient avant 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, qui est la demande internationale la plus largement acceptée (145 États l'ont reconnue), ainsi qu’à transformer la question palestinienne d'une "question nationale en une question de droits de l'homme", est en fait une acceptation de l'occupation israélienne; c’est une acceptation du fait que le peuple palestinien n'aura pas de patrie et que certains "droits de l'homme" seront accordés aux Palestiniens sous occupation. Cette approche cosmopolite, qui gomme les caractéristiques nationales et autres des peuples au nom d'un vague "universalisme", est loin d'être progressiste, car elle cherche à semer le défaitisme parmi le peuple palestinien et tous les peuples qui luttent dans le cadre d’un rapport de forces négatif international.


LA LUTTE POUR LE SOCIALISME ET LA QUESTION DE LIBÉRATION NATIONALE

            Diverses forces trotskistes, qui ont une tendance inhérente à embrouiller les questions relatives à la lutte pour le socialisme et à nier la possibilité de le construire dans un seul pays, expriment une préoccupation concernant la lutte de libération nationale du peuple palestinien et se demandent si une telle lutte peut exister dans le contexte de l'impérialisme, en particulier lorsque nous affirmons que notre époque est celle de la transition du capitalisme au socialisme. Certains critiquent le KKE en disant que dans tous les autres cas, le parti parle de la nécessité et de I'actualité du socialisme, alors que dans ce cas-ci, il se concentre uniquement sur le droit à la création d'un État palestinien.[34]

            Cependant, ces forces semblent ignorer le fait que, bien que le monde soit dominé par des monopoles et que nous soyons au stade monopoliste du capitalisme, dans ce que Lénine a défini comme impérialisme, cela ne signifie en aucun cas que des luttes de libération nationale ne peuvent pas éclater contre l’occupation étrangère. Du côté palestinien, une guerre de libération nationale juste est menée, une guerre contre l'occupation, dans le but d'obtenir le droit à leur propre patrie. Il ne peut être question de rien d'autre et Il n'y a pas d'hésitation à avoir sur ce sujet. Du côté d'Israël et de ses alliés (États-Unis, OTAN, UE), il s'agit d'une guerre impérialiste injuste visant à perpétuer l'occupation et à servir leurs intérêts dans la région.

            À l'époque de l'impérialisme, le KKE a mené une telle lutte, formant le Front de Libération Nationale (EAM), l’armée populaire de libération nationale (ELAS), ainsi que les autres organisations de résistance contre l'occupation fasciste étrangère (allemande, italienne et bulgare) au cours de la période 1941-1944. Le KKE a été l'esprit, l'organisateur et le sang vital de cette grande épopée de la résistance et nous sommes fiers de notre parti, qui a pris la tête de cette lutte, alors que toute critique que nous faisons concerne le manque de préparation idéologique et politique de notre parti de lier cette grande lutte à l'objectif du pouvoir ouvrier.

            Selon le KKE, le socialisme est nécessaire et pertinent pour le monde entier, pour chaque pays capitaliste, mais dans des circonstances où la lutte ouvrière et populaire est menée dans chaque pays, des "maillons" importants émergent qui peuvent donner de l'élan à la lutte des classes. C'est une question décisive pour le Parti communiste et le mouvement ouvrier de prendre en compte ces maillons dans la lutte pour le socialisme en vue de préparer, de rassembler et de mobiliser des forces ouvrières. En Palestine aujourd'hui, le "maillon"-clé est secouer l'occupation étrangère israélienne et établir l'État palestinien.

            Par conséquent, il incombe à la classe ouvrière palestinienne et à son avant-garde, le PC, de mettre en place une ligne qui associera ce "maillon" à l'objectif de la lutte pour la libération sociale, le pouvoir ouvrier et l'édification de la nouvelle société socialiste.

            Notre devoir, celui des travailleurs et des jeunes d'autres pays, est de soutenir cette lutte et de se tenir à ses côtés dans le conflit avec les forces d'occupation. Le KKE entretient des relations avec le PC Palestinien, le Parti du Peuple Palestinien, issus de la scission du PC Palestinien en 1991, et a des contacts avec le Front Populaire et le Front Démocratique de Palestine. Notre parti respecte la lutte de toutes ces forces, qui se déroule dans des conditions particulièrement difficiles, et exprime sa solidarité de diverses manières à toutes les occasions possibles.


LE SOI-DISANT "DROIT À LA LÉGITIME DÉFENSE"

            Aujourd'hui, le droit international devient de plus en plus réactionnaire et est utilisé par les puissances impérialistes comme bon leur semble, dans le cadre de leur concurrence et au détriment des peuples. Les communistes doivent lutter contre les points de vue qui occultent ce fait. C'est le cas de l'invocation du "droit de légitime défense d'Israël", que le gouvernement de la ND ainsi que les autres partis bourgeois (SYRIZA, le PASOK, etc.) rabâchent en Grèce, ayant voté une série de résolutions au Parlement européen qui légitiment les crimes d'Israël au nom de son "droit de se défendre".

            Officiellement, le droit international prévoit actuellement trois cas dans lesquels des opérations militaires peuvent être menées sur le territoire d'un autre État: 1) par résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, comme dans le cas de la Libye; 2) à l'invitation du gouvernement légitime de l'État en question, comme dans le cas des opérations militaires de la Russie en Syrie; et 3) pour des raisons de "légitime défense".  La "légitime défense" et l'"article 51" de la Charte des Nations unies ont été invoqués par les États-Unis et la Turquie dès le début pour justifier leurs opérations militaires aériennes et terrestres en Syrie.

            Il convient de noter que l'article 51 de la Charte des Nations unies, qui concerne le droit de légitime défense d'un pays contre une attaque armée, a changé au fil de temps. Initialement, cet article ne s'appliquait qu'en cas d'"invasion par une armée étrangère" d'un État membre des Nations unies et lui donnait le droit, jusqu'à l'adoption de la résolution pertinente du Conseil de sécurité des Nations unies, de répondre à cette attaque contre l'État agresseur par une frappe d'autodéfense, même à l'extérieur de ses frontières.

            Cependant, après le 11 septembre 2001, les États-Unis ont saisi le Conseil de Sécurité de l'ONU pour demander une "interprétation extensive" de cet article, afin qu'il puisse être invoqué lors de l'invasion et de l'occupation de l'Afghanistan, dans le contexte de la guerre contre les "Talibans". Le Conseil de sécurité de l'ONU (et la Russie) a  accepté la demande des États-Unis et, désormais, la légitime défense ne se réfère pas à une réponse à une attaque (invasion militaire) par un État spécifique, mais à une attaque armée en général, ce qui peut être interprété au gré des circonstances. Dans le cas d'Israël, l'invocation de ce droit est une provocation sans précédent, puisque ce pays a violé de manière flagrante toute notion de droit international: il occupe des territoires étrangers, il refuse de se conformer aux résolutions de l'ONU (par exemple sur le retour des réfugiés), il a établi des colonies illégales et il est une puissance occupante,  commettant un génocide à l'encontre d'un peuple. Invoquer le "droit à la légitime défense" d'Israël, c'est-à-dire le droit d'une puissance occupante à se défendre, c'est justifier les massacres commis par les nazis à Distomo, Kalavrita et Kommeno, ainsi que tant d'autres crimes commis par les occupants fascistes dans notre pays, en les qualifiant de "légitime défense".


ASSIMILATION INACCEPTABLE DE LA SOLIDARITÉ AU PEUPLE PALESTINIEN AVEC DE L’ANTISÉMITISME

            Dans un certain nombre de pays capitalistes dont les classes bourgeoises soutiennent ouvertement les actes meurtriers d'Israël, comme les États-Unis et l'Allemagne, une répression féroce a été exercée sur les manifestations de solidarité avec les Palestiniens massacrés, en contradiction même avec les proclamations bourgeoises de "liberté d'expression". Aux États-Unis, des étudiants et des professeurs ont été arrêtés et expulsés des universités, tandis que dans plusieurs villes d'Allemagne, les manifestations en faveur du peuple palestinien ont été interdites.

            L'ensemble de l'opération répressive s'accompagne de l'assimilation inacceptable de la solidarité au peuple palestinien avec de l'antisémitisme. La solidarité est qualifiée de discours de haine afin de légitimer de nombreuses autres mesures de censure, même préventives. En Grèce, une partie des médias et certains représentants du gouvernement ont promu une telle assimilation. La déclaration du ministre de l'éducation, M. Pierrakakis, à l'issue d'une réunion avec des représentants du Conseil central de la communauté juive, dans laquelle il a tenté d'identifier la solidarité du mouvement syndical des enseignants avec le peuple de Palestine à de l'antisémitisme, est révélatrice.

            Le KKE et les organisations syndicales ont rapidement pris position contre ces déclarations désorientantes, qui reposent sur l'ignorance du rôle joué non seulement par l'URSS, mais aussi par le mouvement syndical organisé dans la création de l'État israélien. Par exemple, le congrès fondateur de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) en 1945 a adopté une résolution spéciale en faveur de la création de l'État israélien[35], alors que quelques années plus tard, la FSM a condamné les actions agressives et expansionnistes d'Israël à l'encontre des peuples arabes[36]. Aujourd'hui encore, la FSM continue de lutter pour une Palestine libre et indépendante sur les frontières établies avant 1967.

            En ce qui concerne notre pays, il est bien connu que pendant l'occupation nazie et alors qu'une partie de la bourgeoisie collaborait avec les nazis et appliquait les plans de l'holocauste, l'EAM et l'ELAS, suivant l’orientation du KKE, a sauvé des Juifs des atrocités nazies et a recruté nombre d'entre eux dans la lutte armée de libération nationale[37].

            Aujourd'hui, les manifestations aux États-Unis, en Allemagne, dans d'autres pays européens et en Israël, avec la participation de nombreux Juifs, contre les politiques antipopulaires du gouvernement réactionnaire de Netanyahou, sont la meilleure réponse à cette approche non historique. Toute personne raisonnable comprendra que la critique, voire la polémique, contre les États et les gouvernements bourgeois, par exemple contre les États-Unis ou le gouvernement réactionnaire ukrainien de Zelenskiy, ne s'identifie en aucun cas à une haine nationaliste contre le peuple ukrainien ou américain. Il existe une distinction claire, et cela est également vrai dans le cas de la séparation entre l'État criminel d'Israël et la condamnation de ses crimes, et les Juifs en général ou la population juive d'Israël.


LE FAUX CONCEPT DE "DEUX AXES"

            Étant donné que la guerre en Palestine est objectivement liée à la concurrence entre des puissances impérialistes (d'une part, les États-Unis, l'OTAN, l'UE et, d'autre part, la Russie, la Chine, l'Iran, etc.) dans la région et au niveau international, deux concepts différents, mais tout aussi erronés, émanent de ce qui précède:

1) celui qui prétend qu'un "axe anti-impérialiste" (Iran - Russie - Chine) est en train de se former, lequel nous devons soutenir contre les impérialistes américains et leurs alliés;

2) un second moins répandu pour le moment, qui prétend que les deux conflits de guerre sont impérialistes, qu'ils sont des expressions différentes d'une troisième guerre impérialiste mondiale, et que nous ne pouvons donc pas soutenir la lutte du peuple palestinien pour sa libération, parce qu'elle fait partie du conflit impérialiste.

            Ces deux approches partent de l'observation correcte que des blocs de puissances opposées sont en train de se former: d'une part nous avons le bloc impérialiste des forces euro-atlantiques, tandis que la formation du bloc eurasiatique (Russie-Chine-Iran, etc.) est également évidente. Selon le premier concept, ce bloc est présenté de manière erronée comme un prétendu "axe anti-impérialiste". Dans la pratique, ce concept abandonne  l'approche de classe, traitant l'impérialisme comme une politique agressive des États-Unis et de leurs alliés, ignorant le fait qu'en Chine et en Russie aussi, les monopoles sont aux commandes, et que les classes bourgeoises de ces pays cherchent également à promouvoir leurs propres plans.

            Le soutien de la Russie, de la Chine et de l'Iran aux Palestiniens est motivé non pas par la "juste cause des peuples", mais par la volonté d'entraver les plans des États-Unis dans la région, de leur faire obstacle, de leur porter un coup. Il n'y a donc pas d'"axe anti-impérialiste" formé par ces puissances. Elles travaillent pour leurs propres intérêts et pour leurs propres monopoles et c'est pourquoi elles ne peuvent pas être cohérentes dans leur soutien à la lutte palestinienne. Le fait que les Palestiniens, comme tout mouvement de libération nationale ou même révolutionnaire, aient raison de chercher à exploiter ces contradictions dans leur lutte contre l'occupation israélienne est une chose différente.

            La seconde approche, tout en abordant correctement le caractère de classe des blocs impérialistes concernés, commet la grave erreur de "jeter le bébé avec l'eau du bain", de rejeter la juste lutte du peuple palestinien au nom de la guerre impérialiste. Mais comme cela a été démontré historiquement, dans des circonstances de confrontation impérialiste internationale et même de guerre, le déclenchement de justes guerres de libération nationale ne peut pas être exclu. Lénine a abordé ces questions en détail dans le contexte de la Première Guerre mondiale, en réponse aux positions correspondantes erronées de Luxemburg.

            Aujourd'hui, alors qu'il existe effectivement une possibilité de généralisation du conflit au Moyen-Orient, voire de sa liaison avec la guerre en Ukraine ou d'"ouverture" de nouveaux fronts, la nature impérialiste du conflit et celle des puissances principales qui rivalisent pour leurs propres objectifs géopolitiques, ne doit non seulement pas conduire à un abandon du soutien au peuple de Palestine, mais il est impératif que cette juste lutte bénéficie d'un soutien accru.

            Le KKE, tant dans le cas du conflit en Ukraine que dans le cas de la Palestine, est du bon côté de l'histoire, car il est avec le peuple et lutte contre les impérialistes, les monopoles, le capitalisme, qui ensanglantent les peuples.

 

                        RISQUE D'UNE GÉNÉRALISATION DU CONFLIT ET DE SON UNIFICATION AVEC LE FRONT DE GUERRE EN UKRAINE


            Nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises dans cet article la relation et l'interaction entre les deux guerres qui sévissent en Ukraine et en Palestine. Cette interaction est liée à l'ouverture de nouvelles voies commerciales et énergétiques ou à la fermeture d'autres,             ainsi qu’à la consolidation ou à la rupture des relations économiques, politiques et militaires entre des États bourgeois. La question est de savoir si ces deux guerres peuvent se fondre en une seule, ce qui pourrait conduire à un embrasement.

            Si on regarde la carte ci-dessous, on peut constater qu’il y a trois régions où le déclenchement des conflits actuellement considérés comme locaux, de faible ampleur ou latents, pourrait conduire à une convergence géographique des deux foyers de guerre.

 

 

            1) Les développements dans les Balkans portent sur les revendications inacceptables de la bourgeoisie turque en mer Égée, qui soulèvent des questions de droits souverains et de souveraineté; sur un nouvel embrasement possible dans le protectorat du Kosovo (principalement incité par le récit de la "Grande Albanie"); sur un "court-circuit" dans le protectorat de Bosnie (qui pourrait conduire à sa fin soudaine); sur la situation politique instable en Moldavie (dans laquelle la Roumanie et la Russie s’impliquent  activement), ainsi que dans la région séparatiste de Transnistrie; sur la résurgence de l'irrédentisme en Macédoine du Nord, qui a été mise sous le tapis par l'accord de Prespa afin de permettre l'adhésion du pays à l'OTAN, et ainsi de suite. Dans cette région particulière, il pourrait y avoir une résurgence de nationalisme qui, au siècle dernier, a conduit à des guerres, à des irrédentismes et à des changements de frontières, où les pays capitalistes les plus puissants pourraient s’impliquer.

            2) Dans le Caucase, où les développements de la guerre en Ukraine ont déjà laissé leur "empreinte". Le déclin des flux ferroviaires de l'Asie vers l'Europe via la Russie a provoqué la reprise de la liaison ferroviaire Azerbaïdjan -Turquie, également connue sous le nom de "Corridor Ferroviaire Médian" (Middle Corridor). La route était bloquée par la présence militaire arménienne au point de passage de Zangezur, qui a changé avec la victoire de l'Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie et Israël, dans le conflit armé avec l'Arménie au sujet du Nagorno-Karabakh. Cette évolution, qui affecte les intérêts de l'Iran, ainsi que le déplacement de dizaines de milliers d'Arméniens du Haut-Karabakh, créent une instabilité supplémentaire, tout comme l'évolution en Géorgie, qui a perdu 20% de son territoire, depuis que l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont déclaré leur "indépendance" et nouent des relations avec la Russie. À l'intérieur de la Géorgie, la lutte inter-bourgeoise pour les alliances internationales de la bourgeoisie prend de l'ampleur.

3) Bien que les pays de l’Asie centrale fassent partie d'unions régionales dont la Russie est la force motrice, il existe en même temps des conflits sous-jacents entre les classes bourgeoises de cette région. Les conflits les plus caractéristiques sont celui qui oppose le Tadjikistan et le Kirghizstan au sujet de l'eau et celui qui oppose le Kazakhstan et l'Ouzbékistan, où les deux parties exploitent les questions ethniques et linguistiques et les spécificités des populations de la région, alors qu'à l'arrière-plan se cache leur concurrence féroce pour les matières premières et les voies de transport des marchandises, un conflit dans lequel des puissances impérialistes plus grandes sont également impliquées.

 

CONCLUSION


            Ce qui précède démontre clairement que la guerre au Moyen-Orient, marquée par la brutalité de l'État occupant d'Israël à l'encontre du peuple de Palestine, constitue un terrain fertile pour la généralisation et l'expansion de l'effusion de sang.

            Aujourd'hui, les luttes impressionnantes des peuples et de la jeunesse dans de nombreux pays du monde, contre la propagande des classes bourgeoises d'Israël, des États-Unis et de l'UE, ont un grand impact, tout d'abord à l'intérieur des pays. Ils exercent une pression sur les gouvernements bourgeois, comme le montrent la décision de certains pays de reconnaître la Palestine, ou l’annulation des plans visant à supprimer l'aide humanitaire par l'intermédiaire de l'UNRWA en invoquant ses relations avec le Hamas, ou encore l'adaptation hypocrite de la tactique des États-Unis. Ces exemples et d'autres encore démontrent le pouvoir du mouvement ouvrier et populaire, de la jeunesse et des étudiants de peser sur les développements nationaux et internationaux.

            Parallèlement à l'expression d’une solidarité sans faille avec la lutte du peuple palestinien pour sa juste cause, il est nécessaire de renforcer la lutte contre l'implication de notre pays dans les plans impérialistes; pour le retour de toutes les forces armées grecques participant à diverses missions impérialistes à l'étranger; pour la fermeture des bases US-OTAN, qui sont un tremplin à la guerre et font de notre peuple une cible de représailles; pour le désengagement de notre pays des unions impérialistes, avec le peuple comme maître chez-lui, en conflit avec la bourgeoisie et ses aspirations à une amélioration géostratégique, contre le gouvernement de la ND, contre SYRIZA, le PASOK, la Solution grecque et les autres partis bourgeois, qui soutiennent et mettent en œuvre tous ensemble la stratégie euro-atlantique et les plans impérialistes.

 

L'article a été publié dans le numéro 3 de la Revue Communiste (KOMEP), revue théorique et politique du Comité Central du KKE, en juillet 2024.  



[1]          . Journal EFSYN, 5-6/6/24

[2]          . Ce chiffre provient du site arabophone https://attaqa.net/, qui a publié un rapport fin 2023 sur la base des données publiées dans "Global oil and natural gas reserves both increase", https://www.ogj.com/general-interest/economics-markets/article/14302481/global-oil-and-natural-gas-reserves-both-increase

[3]          . Association pour des Affaires Internationales et Européennes: «Mer Rouge: le "Grand Jeu" et la mission européenne "Aspides"», https://odeth.eu/%CE%B5%CF%81%CF%85%CE%B8%CF%81%CE%AC-%CE%B8%CE%AC%CE%BB%CE%B1%CF%83%CF%83%CE%B1-%CF%84%CE%BF-%CE%BC%CE%B5%CE%B3%CE%AC%CE%BB%CE%BF-%CF%80%CE%B1%CE%B9%CF%87%CE%BD%CE%AF%CE%B4%CE%B9-%CE%BA/

[4]          .  «Mer Rouge: la chaîne commerciale mondiale “grince"», https://www.newsit.gr/oikonomia/erythra-thalassa-trizei-i-alysida-tou-pagkosmiou-emporiou/3964847/

[5]          «Abbas, ZEE et marché régional, les objectifs de la Palestine de l’“EastMedGasForum”», https://energypress.gr/index.php/news/ampas-aoz-kai-perifereiaki-agora-ta-zitoymena-gia-tin-palaistini-apo-east-med-gas-forum

[6]          . Basée à Athènes

[7]          . Walid Khadduri, « "Gaza Marine": Quel sort après la guerre?», https://www.palestine studies.org/en/node/1654991

[8]          . Ahmad Ismail, «Plus tôt que prévu. Le développement du champ palestinien "Gaza Marine" commencera en octobre prochain», septembre 2023, https://cnnbusinessarabic.com/

[9]          . Le Bureau du Premier ministre ordonne la réalisation du projet de développement du champ gazier au large des côtes de la Bande de Gaza,  https://www.gov.il/en/pages/spoke-gas180623

[10]        . Mohammad Shtayyeh, «Le développement du champ "Gaza Marine" est devenu réalisable», 19.6.23, https://www.aa.com.tr/ar/

[11]        . Nur Abwaisa & Iyad Nabulsi, «Comment le Hamas gérera-t-il l'exploitation du champ gazier de Gaza Marine?», https://www.aa.com.tr/ar/

[12]        . Ibid

[13]        . IMEC, «Que prévoit le projet de corridor commercial Inde-Europe?», https://www.powergame.gr/diethni/510998/imec-ti-provlepei-o-eborikos-diadromos-indias-evropis/

[14]        . Gennady Smakov, "Le canal Ben-Gourion comme un facteur d'action militaire au Moyen-Orient", https://fondsk.ru/news/2023/11/10/kanal-ben-gurion-kak-faktor-voennykh-deystviy-na-blizhnem-vostoke.html

[15]        . https://hellasjournal.com, 20.9.23.

[16]        . Makis Papadopoulos, "Les défenseurs verts de la guerre et de la pauvreté énergétique", Revue Communiste, Numéro 3/2022

[17]        . Grigoris Lionis, "Développements dans l'industrie de guerre et les positions du KKE", Revue communiste, numéro 3/2023

[18]        . "Hausse vertigineuse des dépenses militaires dans le monde. Plus de 2.400 milliards de dollars en 2023", https://www.902.gr/eidisi/kosmos/362376/ektoxeytikan-oi-stratiotikes-dapanes-pagkosmios-pano-apo-24-tris-dolaria-2023, 22.4.24

[19]        . G. Lionis, " Développements dans l'industrie de guerre et les positions du KKE ", Revue Communiste, numéro 3/2023.

[20]        . https://www.aljazeera.net.

[23]        . Israël Aerospace Industries enregistre une progression de 49% de ses recettes nettes en 2023, https://www.jpost.com/israel-news/article-791966

[24]        . NYT, "La Russie a détruit 210.000 maisons en Ukraine, soit quatre fois la superficie de Manhattan."https://www.liberal.gr/diethni-themata/nyt-i-rosia-katestrepse-210000-spitia-stin-oykrania-tesseris-fores-tin-ektasi-toy

[25]        . Bande de Gaza 7e évaluation globale des dommages - mai 2024, https://unosat.org/products/3861

[26]        . Statistiques sur l'attaque de la bande de Gaza, https://m.sa24.co/

[27]        . L'ambassadeur sortant d'Israël en Grèce parle à Kathimerini, https://www.ekathimerini.com/opinion/interviews/1186559/no-country-should-outsource-its-security-to-others/

[28]        . Georges Marinos, "Nous intensifions notre solidarité avec le peuple palestinien, nous renforçons notre vigilance face aux développements", Revue communiste, numéro 5/2023

[29]        . Développements concernant la batterie Patriot grecque en Arabie Saoudite - Nouveau programme de coopération militaire, https://www.kathimerini.gr/politics/563022976/exelixeis-me-toys-ellinikoys-patriot-sti-saoydiki-aravia-neo-programma-stratiotikis-synergasias/, 13.5.24.

[30]        . Pandelis Kapsis, "Un choc des civilisations?", https://www.athensvoice.gr/epikairotita/diethni/820544/israil-palaistini/,Konstantinos Ghinis, "L'attaque terroriste du Hamas et le choc des civilisations", https://www.liberal.gr/diethni-themata/i-tromokratiki-epithesi-tis-hamas-kai-i-sygkroysi-politismon

[31]        . Nations Unies, Origines et Évolution du Problème Palestinien, Deuxième partie (1947 – 1977),  https://www.un.org/unispal/document/origine-et-evolution-du-probleme-palestinien-1917-1988-etude/

[32]        . Pravda, 29.05.1948. La Pravda était l’organe du Comité Central du Parti Communiste (bolchevic) de Russie (comme le PCUS était appelé avant 1952)

[33]        . Pour en savoir plus, voir l'article de fond d'Anastasis Ghikas, "Rétrospective historique sur les racines et l'évolution de la question palestinienne", publié en six parties (du 4.11.23 au 2.3.24) dans Rizospastis.

[34]        . Jorge Martín, "Le Parti communiste de Grèce et la lutte pour la libération de la Palestine: un débat incontournable", https://www.marxist.com/the-communist-party-of-greece-and-the-struggle-for-the-liberation-of-palestine-a-necessary-debate.htm

[35]        . Encyclopédie juive numérique, "Les relations de l'URSS avec Israël", https://eleven.co.il/

[36]        .  G.V. Sharapov, "Fédération Syndicale Mondiale", https://www.booksite.ru/fulltext/1/001/008/007/057.htm

[37]        . Ioanna Kotsiavra, "Sur la participation de la population juive à la Résistance, à la lutte antifasciste et à la lutte armée de libération national dans les rangs de l'EAM-ELAS", https://www.katiousa.gr/istoria/gia-ti-symmetochi-tou-evraikou-plithysmou-stin-antistasi-stin-antifasistiki-pali-kai-ton-apeleftherotiko-enoplo-agona-me-to-eam-elas/